Installation Ephémère Nomade et Poétique

Véritable fruit d’une création originale dont je signe la conception artistique, notre Installation collective a vu le jour les 9, 10 et 11 juin 2023 à Saint Armel (Morbihan).

Chaque jour le mandala de la yourte nomade s’est déployé.

Là, le groupe a fait Oeuvre, ensemble en lien et singularité, abrité dans un espace à la membrane respirante, ouvert à l’alentour.

S’y est alors offert d’y rencontrer l’humain en son coeur.

Si j’avais un coussin…

Chacun chez soi et ensemble.

Un confinement, des confinements nous ont demandé de faire face aux vagues successives d’empêchements d’aller et venir.

Chacun chez soi, dans un monde qui ne tourne pas rond, qu’est ce qui nous tient compagnie face à une situation de vie inédite ?

Qu’est-ce qui nous tient dans l’inconfortable de la situation ?

Un coussin ?

Je m’assois tous les jours sur mon coussin de méditation.

Le bassin bien posé au centre du coussin, je me mets à l’écoute de tout ce qui me parvient.

Sur mon coussin, un monde dépourvu de toute activité humaine mais à la nature bruyante du printemps, brouillait mon entendement.

Le vivant de la vie qui suit son cours arrivait jusqu’à moi.

Me tenir là tout simplement à l’écoute et sans rien faire, face à l’inquiétude d’un monde qui change m’a demandé d’aller trouver confiance dans la vie qui se donne et qui ne fait pas défaut.

Au cours du chemin longeant les marais salants, j’entendais les chants, les cris, les piaillements des mouettes, aigrettes, avocettes, sternes, spatules, échasses, chevaliers gambettes, courlis, …
Je me connectais au vent, à l’air, au moindre souffle.

J’avais eu le souffle coupé et les bras m’en tombaient.

Pendant cette période inquiétante, inédite et bouleversante, le sentiment d’impuissance et d’empêchement était fort et il fallait bien tenir !

Je suis restée à l’écoute, assise là, à suivre le mouvement de la vie qui se fait en soi régulièrement sans qu’on n’y pense et il y avait un je ne sais quoi d’amical que je goûtais.

A me tenir là dans l’ouverture de cette amicalité j’ai rencontré une main venue du coeur et qui m’a permis de poser délicatement ma tête dans mes bras .

Saint Armel

De la Bourgogne à la Bretagne,
D’Est en Ouest,
D’avis de coups de vent en tempêtes,
Entre fin et début,
Entre flux et reflux, souffle, loin du dernier souffle, ce qui ne tient qu’à un fil, l’impressionnante vigueur de ce qui va peut-être couler.
Sursaut.
J’y arrive, éternellement surprise d’y être au bon moment.
C’est marée basse.
Bientôt marée haute.
Le gué est là, découvert.
La traversée est possible pour l’île Tascon.
Je n’y suis jamais lorsqu’elle est île.
J’y suis lorsqu’elle est presqu’île.
Je suis à bon port.
Sursaut.
Il est bien là l’arbre, l’arbre en question, ce pin si haut.
Celui dont je ne vois jamais le haut.
Celui qui s’illumine au soleil couchant.
Celui qui attend son effondrement au port des arbres perdus.
Celui qu’on n’abattra pas.
Caisse de résonnance.
Tambour.
Son de l’hors de soi. Hors de moi notre unisson s’entend.
Sursaut.
Pas prête de m’écrouler ni de couler ni de me noyer.
Prête à maintenir le cap face à l’effondrement. Ici à Saint Armel.

Exposition Balades Colorées 2018 par les peintres de l’atelier

 

Le 7 avril j’ouvrirai les Balades Colorées 2018 et les refermerai le 31 mai

Après avoir créé l’Ecole du Peintre dans les Yvelines en 1989 je suis arrivée à Is-sur-Tille en 1997 pour suivre mon mari muté à Valduc. Grâce à Robert Ramon avec qui j’étais élève sculpteur de Davis Schneider, un atelier de l’ancien office du tourisme m’a été confié en 1998. Rapidement devenu Section Art Plastique du CEA Valduc l’atelier existe depuis 2000 et a compté régulièrement une moyenne de 25 peintres. J’y ai choisi de poursuivre ce que j’avais commencé en région parisienne, c’est-à-dire : ouvrir un espace plusieurs jours par semaine accessible aux débutants comme aux confirmés et dont la spécificité repose sur une présence d’artiste, une salle propice au travail et des chevalets de peintres.

Les Balades Colorées 2018 font suite aux trois éditions précédentes qui nous ont permis d’explorer plusieurs aspects des raisons qui nous amènent à peindre et faire partie de l’atelier de peinture d’Is-sur-Tille :

Avec les Balades Colorées 2009, chacun a choisi parmi tous les sujets qui le poussent à peindre celui qui l’anime le plus, là en ce moment, parce que chaque toile, chaque dessin est à voir comme une prise de « parole de peintre ».

La présentation de cette recherche s’est faite, pour chaque peintre, par la réalisation de trois tableaux : Au centre un tableau présentant ce que nous aimons peindre, à sa gauche un autre le situant dans une référence antérieure et à sa droite un troisième le plaçant dans un contexte à venir.

Avec les Balades Colorées 2011, chacun a réalisé un tableau représentant sa propre chaise comme il aurait fait son autoportrait. Cette exposition était accompagnée de la création d’une installation intitulée «  Invitation à s’asseoir », en forme de charpente partant du sol et allant rencontrer la charpente apparente de la salle, qui, tel un tipi, a abrité notre rencontre et nous a permis de poser la question : A quoi sert l’art dans nos cadre de vie ?

Avec Balades Colorées 2015, nous avons isolé le fil conducteur de chacun, l’avons mis au cœur de notre toile et l’avons peinte comme un mandala. L’ensemble de ces tableaux ont eux-mêmes constitué le centre d’une installation de 100m2, extérieure, collective et éphémère, déployée un matin et refermée le soir, intitulée « Parterre de toiles étoilées ». Cette œuvre circulaire, à parcourir à petits pas était accompagnée de plantes tinctoriales et de peintures suspendues, se balançant au vent.

Dans la salle d’exposition, les peintures réalisées à partir du thème de l’hirondelle étaient à voir en analogie avec les allers-et-venues de chaque participant de l’atelier. Puis la semaine suivante, les portraits des peintres de l’atelier ont succédé aux hirondelles et ont partagé l’accrochage avec de grands portraits de personnages qui nous touchent, tels que peintres, musiciens, sportifs, sculpteurs, scientifiques, poètes, prix Nobels.

Ces nouvelles Balades ont révélé la singularité de chacun, montré que chacun peint et parle son tableau tel qu’il est, autant qu’il déploie un faire ensemble fait de partage, d’échange, de convivialité, d’amitié, chacun à sa mesure.

Balades Colorées 2018.

Une exposition déployée sur 2 mois,

où les 25 peintres de la section art plastique de L’ALC Valduc,

exposent leur univers pictural,

à tour de rôle,

par 3 ou par 4.

 Quelle en a été la thématique ?

Qu’avons-nous donc à protéger au point d’en faire une peinture?

L’exploration de cette question à partir de 3 thèmes : l’artichaut, l’oignon et la châtaigne, a conduit les peintres à approcher, chacun avec sa singularité, l’essentiel de l’existence: l’amour, la vie, la femme, le temps, l’enfance, l’élégance, l’ailleurs, l’effacement, la douceur, l’appel, la célébration de la couleur, la vieillesse, la nature etc…

A travers différents exercices, expériences et approches, explorés au cours des trois ans qui nous séparent des Balades colorées 2015, nous avons pu remarquer que notre toile, avant même de la peindre pour le plaisir de peindre, est une surface peinte qui s’expose, s’offre au regard du public-spectateur.

Nous avons alors peint un tableau particulier « dit bouclier-tablier : Cœur à Coeur» qui devient le gardien de ce que le peintre lui demande de garder, en ce sens ce qui est peint sur la toile représente, symbolise, évoque, traduit l’essentiel de la parole d’un peintre jusque parfois au sacré de cette parole.

 Balades Colorées 2018 ouvre également les portes de l’atelier de peinture situé au premier étage du bâtiment Centre Culturel Carnot.

Des cahiers « Carnets de Voyage à l’Atelier » sont consultables par les visiteurs qui y trouveront la façon dont chacun occupe sa place à l’atelier, le plaisir qu’il a d’y venir peindre autant que les principales recherches entreprises au cours de son passage à l’atelier.

 

Œuvre éphémère « Parterre de toiles étoilées »

20 juin 2015

C’est pour aujourd’hui.
Le vent souffle fort. Les arbres secouent leurs branches.
Les toiles qu’on étale sur la pelouse déplacent l’air.
C’est commencé.
Seule la promesse de voir scintiller un parterre coloré, étoilé sous le soleil, sonne le signal.
Dressés, tels des arbres, les portants bras ouverts, s’apprêtent à tenir bon.
Des pots de plantes arbustives et tinctoriales cherchent place et orientation appropriées.
Plutôt de ce côté?
Ici ?
Tourné par-là ?
Est-ce mieux dans ce sens ?
Les yeux travaillent afin d’accorder ce qui se présente.
Personne ne sait dire depuis combien de temps, des pots et des pots sont manipulés, des sacs et des sacs vidés, des tableaux et des tableaux accrochés.
Cela fonctionne-t-il par rapport aux peintures, aux arbres, aux autres plantes, au vent, aux allées, à nos yeux, au soleil, à notre soif ?
Celles qui, courbées telles des « glaneuses » tapissent les allées de « mulch » et « puzzolane » s’arrêtent de temps en temps et jettent quelques coups d’œil pour ajuster les contours à l’ensemble, dans l’attente de l’éclosion.
C’est pour maintenant.
Notre rosace s’allume sous l’effet des cent cinquante plantes en pots jouant de concert avec les vingt-quatre peintures se balançant aux fenêtres des portiques.
Debout, nous accueillons la naissance de ce parterre auquel rien ne manque.
Il tombe quelques gouttes du ciel.
La balade colorée s’ouvre.
Les grandes toiles au sol nous appellent.
Les uns derrière les autres, nous circulons entre stabilité et instabilité mais plutôt avec sensation de confort.
Les Rubia tinctorium, Isatis tinctoria, Calendula, Indigofera, Anthémis tinctoria et autres polygonum tinctorium, carthamus ou tagètes nous frôlent.
Nous avançons lentement, saisis par cette tapisserie mille fleurs.
Nous marchons avec la curieuse impression que les allées matelassées indiquent à nos pieds quand s’arrêter.
Autour du cœur à ciel ouvert, une ronde se forme, on s’y parle presqu’en chuchotant, bien abrités par l’espace offert.
Comme une fleur ce parterre ouvert le matin s’est refermé le soir même.

 

 

Ouvrir l’arbre sous les rouges

Il y a encore du vent qui agite les arbres cette année.

 Les feuilles bruissent.

Suspendues par un fil,

elles se parent ,

de mots,

de mots attrapés,

de suites de mots récoltées.

Des phrases de mots,

pleines de mots,

dégoulinent des feuilles,

devenues papier.

Elles tombent,

deviennent gouttes,

sèchent au bout du fil.

Dans la gouttière.

s’égoutte

ce qui ne se voit pas.

Ce qui goutte est tout autre chose que ce qui s’égoutte des gouttes.

Il ne goutte rien.

La gouttière est vide,

entièrement pleine de vide.

Pourtant les gouttes s’égouttent,

visiblement.

Seule,

l’absence visible de ce qui s’égoutte,

se montre.

Surprenante constatation d’être en présence du rien.

Les gouttes

ont rempli

la gouttière

à ras bord

d’une récolte sonnant d’un long gong

par delà les frontières.

 

Projet « balades colorées 2015  » un parterre de toiles étoilées : hirondelles de village

 

 
Les photos montrent le travail de recherche, préalable à la réalisation finale.

Le projet est celui d’ une Installation déployée sur 100m2, éphémère, extérieure et à parcourir tel un mandala.
La thématique « l’aller et le retour » (analogie avec l’hirondelle) est travaillée pour une proposition ouverte alternant sur la surface au sol, des toiles peintes (en lien et singularité) et des massifs plantés de plantes tinctoriales réunis en un tout, pour former un parterre de toiles étoilées harmonieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Asseoir sa « présence d’artiste » sur la Friche des Lentillères

Depuis l’automne dernier, je, «  mais pas uniquement », défriche, défrichons un petit coin au milieu de la Friche des Lentillères à Dijon. Cet endroit fait partie d’un grand espace laissé à l’abandon depuis 10 ans et occupé pour une part par le collectif potager « pot’coll’ » ainsi qu’une ferme maraichère cultivant une production très locale au moyen de chantiers collectifs et de solidarité destinée à être vendue sur le quartier, à prix libre.

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Création In Situ à Reulle-Vergy des 14 et 15 septembre 2012

Les habitants d’un village des Hautes Côtes de Nuit, qui font vivre depuis 35 ans leur association communale, m’ont demandé de créer sur place une réalisation plastique, avec ceux qui viendront dans le village pour le week-end culturel coïncidant avec les journées du Patrimoine et dont le village pourra disposer par la suite.

En réponse à l’invitation, j’ai taillé trois toiles de 2m de haut par 85 cm de large et je les ai préparées en les peignant avec 3 teintes d’ocres fabriquées par les habitants.

Ces ocres sont visibles au travers du village, sur toutes boiseries telles que portes, encadrements de fenêtre, poutres, portes de caves et de granges, palissades. Ce qui lui donne son identité particulière.

J’ai proposé que les trois panneaux de toiles puissent être tendus par la suite sur châssis pour, par exemple, devenir des stores coulissants pour les trois baies vitrées de l’entrée de la « grange au bourg », bâtiment communal abritant les manifestations festives, culturelles et associatives.

J’ai également proposé que tous les visiteurs puissent intervenir directement sur ces supports soit en dessinant, soit en laissant un mot au feutre en relation avec cette association et Reulle-Vergy.

Mon projet fut de partir de l’état des lieux, c’est-à-dire de l’existant :

  • une dynamique collective qui rassemble les gens grâce à l’association âgée de 35 ans ;
  • le « barbecue » emblème de l’association : construit par les habitants pour la buvette permettant de partager les repas autour des traditionnelles saucisses-frites ;
  • la peinture à l’ocre fabriquée et posée par les gens eux-mêmes sur des bâtiments publics et privés, offrant un nouvel aspect architectural au village (la peinture à l’ocre a fait partie d’une première initiative de réalisation collective des habitants, réalisé quelques années auparavant avec « Terre et Couleur » du CAUE de la Côte d’Or) ;
  • la fonctionnalité de la « grange au bourg » qui se déploie en longueur, la buvette en prolongement des salles de la réserve et de la cuisine;
  • les pierres apparentes, de couleur sable, sur tous les murs des salles d’expositions de concerts, de rassemblements festifs ;
  • le remblai de cailloux crayeux sur le seuil de la grange permettant d’installer des tables, bancs ou stands ;
  • le constat fait qu’à chaque manifestation, il se passe quelque chose à l’intérieur et quelque chose à l’extérieur ;
  • le rôle important de l’entrée de la grange car elle est le passage à franchir pour oser entrer ;
  • la capacité des habitants à imaginer apporter du nouveau à l’existant dans le village.

Conceptualisation et objectif de mon installation :

  • s’appuyer sur une « présence d’artiste » qui permet ;
  • réaliser ensemble une installation plastique apportant du nouveau à l’existant ;
  • produire un graphisme à partir des mots ou phrases pouvant faire écho aux graphismes des murs de pierre ;
  • inscrire ce temps de réalisation collective dans la mémoire patrimoniale du village.

Pourquoi un pont ou une passerelle entre le n°5 et le n°6 ?

J’ai eu à cœur de soutenir la création d’une passerelle en bambou à construire avec mes voisins ou/et avec ceux de passage, car je soutiens avec ténacité l’idée qu’il est important de penser qu’on est « capable de ».

Cette expérience locale datant de mai 2011 m’a appris que chacun peut contribuer selon diverses formes de présence et de temps à l’émergence d’une idée séduisante telle que rêver monter une passerelle à 5m de haut, nous reliant d’un côté à l’autre de la rue, que chacun peut contribuer à sa concrétisation et enfin vivre un repas partagé dans la rue.

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